Exposer
nos déchets

Depuis presque dix ans, Bénédicte Florin et Pascal Garret profitent de leurs recherches et de leurs photos prises sur le terrain pour créer des expositions à destination du grand public, et sensibiliser sur la question des déchets. Les deux chercheurs ont déjà prévu de réaliser, au terme du programme, une exposition qui reprendra leurs travaux réalisés dans le cadre du PEPR Recyclage.

Par Etienne Morisseau

Un des objectifs affichés du PEPR Recyclage est de proposer des actions de médiation scientifique pour communiquer auprès du grand public. Plusieurs membres du programme ont déjà fait part de leur volonté de prendre en main ce type d’initiative, à l’image de Bénédicte Florin et Pascal Garret, membres de l’axe sciences humaines et sociales (SHS) du programme.

Dès le début du projet, l’objectif était clair : concevoir une exposition à partir des résultats de leurs recherches. « On ne peut pas uniquement participer à des colloques ou publier dans des revues scientifiques. Il faut aller plus loin vers le grand public », estime Pascal Garret, sociologue et photographe. Expert de l’image, Pascal Garret profite de ses terrains pour documenter en photo et vidéo les sujets qu’il étudie. Avec Bénédicte Florin, enseignante-chercheuse en géographie à l’Université de Tours, les deux scientifiques ont pris l’habitude de réaliser des expositions à partir de leurs travaux. Depuis 2016, ils ont pu participer à l’élaboration d’expositions, dont deux au MUCEM, en collaboration avec d’autres chercheurs et chercheuses en SHS.

« La mise en image du rebut » tout d’abord, en 2016, organisée par les membres du réseau SUD (Sociétés Urbaines et Déchets). Cette première exposition découle d’une discussion entre scientifiques (géographes, sociologues, anthropologues…) et d’une mise en commun de photos de recherche, présentant des femmes et des hommes vivant de leur travail avec les déchets dans une vingtaine de pays à travers le monde. Pas de clichés volés, ni de mise en scène, l’objectif est d’éviter une vision misérabiliste ou esthétisante du sujet, et de rendre compte du désir de reconnaissance de ces travailleurs.

« Le parcours de Yunus », série de quinze photographies et une carte, réalisées par Pascal Garret à Istanbul pour l’exposition « Vies d’ordures », MUCEM, 2017

Ils participent ensuite au projet d’exposition « Vies d’ordures » en 2017 au MUCEM, par l’apport d’enquêtes-collectes réalisées auprès de récupérateurs de déchets à Casablanca et Istanbul. En 2022, ils conçoivent eux-mêmes l’exposition « Voyage au cœur de nos poubelles » en collaboration avec la Ville de Tours, qui suit les trajets de nos déchets après que nous les ayons jetés dans la poubelle, avec d’autres supports, dont la vidéo. Puis en 2023, toujours avec le MUCEM, l’exposition « Barvalo » sur les populations romani ; une aventure particulièrement mémorable en raison du montage collaboratif qui associait dans son comité d’experts, des représentants de ces communautés et des scientifiques.

Ces expériences leur ont permis d’appréhender les défis de la médiation scientifique. Que montrer et comment le montrer ? Quel format est le plus propice pour toucher le plus grand nombre ? « On a dû apprendre au fur et à mesure à simplifier nos propos, à aller à l’essentiel pour en améliorer l’accessibilité », explique Bénédicte Florin. Au sein de l’axe SHS (projet ‘SORRYL’) du PEPR, Pascal et Bénédicte étudient les acteurs et les pratiques professionnelles des recycleurs de la filière ferraille, de la collecte formelle ou informelle à la matière première secondaire. « Il est encore un peu tôt pour parler du contenu de l’exposition, mais nous avons la volonté de tester des dispositifs, de mélanger les médias, photos, vidéos, structures… Et puis, nous pourrons aussi intégrer les autres membres de SORRYL qui ont exprimé leur intérêt pour ce projet », développe Pascal Garret.

Bénédicte Florin présentant l’exposition « Voyage au cœur de nos poubelles » à Tours en 2022

D’ici là, d’autres initiatives se mettent déjà en place, comme l’exposition en décembre 2025 d’une quarantaine de photos très grand format, accompagnées de textes et de sons sur les murs de la caserne Napoléon, rue de Rivoli à Paris, avec pour intention de mettre en lumière les travailleurs et travailleuses du recyclage. Par la suite, plusieurs autres expositions devraient avoir lieu dans les lieux-totems du PEPR.

Les lieux-totems du pepr

Les sites labellisés ‘lieux-totems du PEPR Recyclage’ sont des déclinaisons territoriales des activités d’animation du PEPR. Pouvant être accueillis par des universités, des écoles ou des entreprises, les lieux-totems sont des espaces d’échange, de médiation et de formation, répartis sur l’ensemble du territoire et organisés autour des grandes thématiques du programme.

Certains partenaires se sont déjà emparés du projet, à l’image de l’Université du Mans, au sein de laquelle a émergé le lieu-totem de la rudologie (étude des déchets et de leur élimination). L’équipe de chercheurs et de chercheuses porteuse de cette initiative, en partenariat avec l’université, a déjà pu organiser mi-octobre une journée d’étude interdisciplinaire sur les impacts environnementaux des déchets plastiques.


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