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Collaborer avec
les éco-organismes
Dans le domaine du recyclage, les éco-organismes jouent un rôle central dans les filières à Responsabilité Elargie des Producteurs (REP). C’est à ce titre que le projet REVIWEEE (axe Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques ou ‘D3E’) collabore avec Ecologic, éco-organisme spécialisé dans ce domaine. Pour mieux comprendre ces interactions, nous avons interrogé Victor François, responsable du pôle gestion des risques et R&D Recyclage chez Ecologic et Jean-Christophe Gabriel, coordinateur du projet REVIWEEE.
Par Etienne Morisseau
Aujourd’hui, quelles sont les problématiques principales rencontrées par les éco-organismes et la filière recyclage des D3E ?
VF : Notre objectif principal est d’optimiser la collecte des D3E pour les orienter vers la filière de traitement adaptée à leurs spécificités. Il est également nécessaire de continuer à développer le recyclage des plastiques, et leur intégration dans de nouveaux équipements, ainsi que le recyclage des substances critiques (tungstène, lithium, cobalt, nickel…)
JCG : Pour pouvoir recycler les D3E il faut avoir accès aux déchets, cela veut dire qu’ils doivent être collectés : les eco-organismes font d’énormes efforts de communication et de logistique pour inciter les particuliers à se défaire de leurs D3E mais c’est un point limitant important. Pour les déchets ‘mixtes’, c’est-à-dire qui contiennent de l’électronique (comme une voiture), vient le problème clé lié au démontage et à l’accès aux différents systèmes électroniques. Ces opérations sont souvent manuelles et coutent souvent trop cher pour être rentable.
Quels sont les principaux verrous scientifiques à lever et les recherches prioritaires à aborder dans les prochaines années ?
JCG : Sauf cas particulier, la composition chimique des D3E n’est connue que de façon parcellaire et empirique, de ce fait on ne connait que très mal la valeur intrinsèque du déchet. L’extrême variabilité de forme et de composition des D3E et des systèmes les utilisant est un verrou important. Cela va nécessiter de développer des stratégies d’écodesign, d’automatisation du démontage et du tri qui n’existent pas encore. Mais aussi des méthodes de purification plus flexibles, non polluantes et bas coûts.
VF : La connaissance du gisement reste en effet un problème crucial à résoudre, en particulier à l’échelle des substances critiques. La réponse à cette question passe par des levés de verrous sur l’échantillonnage et l’analyse de nos matières complexes. En parallèle, les procédés de tri et d’extraction des matières doivent progresser et mieux s’imbriquer, par exemple en associant spectroscopie et hydrométallurgie, pour permettre un recyclage plus qualitatif mais aussi plus efficace économiquement.
Quel rôle peuvent avoir les éco-organismes dans les recherches du PEPR, quels partenariats peuvent être mis en place ?
VF : Nous sommes là pour fournir des données, du contexte et des cas d’études directement issus des conditions réelles de gestion des déchets sur le territoire national et pour mettre en relation avec les industriels concrètement confrontés aux déchets.
JCG : Les éco-organismes ont l’expertise pour amener une vision précise et concrète sur la nature des déchets, et ainsi établir des priorités quant aux recherches menées sur leur recyclage, ainsi que dans le sourcing de déchets réels pour la montée en échelle des procédés développés. Enfin, ils ont idéalement un rôle à jouer dans la mise en relation entre les différents acteurs de la chaine de valeur, du constructeur au recycleur, pour favoriser les meilleures pratiques d’eco-design.
VF : En termes de partenariat, les possibilités sont larges. Aujourd’hui, Ecologic finance des thèses, post-doc et d’autres formes de contrats de recherche, et contribue sans partenariat formel à d’autres projets en partageant ses connaissances.
Quelle est le nature de la collaboration entre REVIWEEE et Ecologic et quelles sont vos attentes ?
JCG : Plusieurs contrats de collaboration existent entre les acteurs de l’axe D3E et Ecologic, par exemple pour permettre une meilleure connaissance de la composition des D3E de la mine urbaine, ou sur la mise au point de procédés pilotes pour leur recyclage. A terme, Ecologic pourra faciliter la mise en place des premières lignes industrielles intégrant ces nouvelles technologies et ainsi favoriser leur adoption.
VF : Ecologic gravite autour de REVIWEEE car nous avons des projets de recherche sur des thèmes similaires et avec des acteurs similaires. Pour nous REVIWEEE est l’opportunité d’aller plus vite et plus loin sur ces sujets.
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