La boucle entre
recherche et société
Les matières premières s’épuisent, et le recyclage, bien qu’essentiel, ne suffit pas à répondre à nos besoins. Pour relever ce défi, l’AIFREC, société savante dédiée à l’économie circulaire, joue un rôle clé de connecteur entre les disciplines et les acteurs académiques, économiques et politiques.
Par Anaïs Culot
« Au cours des dix dernières années, les quantités de matières premières extraites au niveau mondial n’ont pas diminué malgré une prise de conscience croissante de l’épuisement des ressources et de l’impact environnemental de leur extraction », constate Pascal Guiraud, enseignant-chercheur en génie des procédés, impliqué dans le PEPR Recyclage. Dans ce cadre, le recyclage contribue à réduire l’extraction des matières premières et à renforcer notre souveraineté autour de matériaux recyclés, mais sa part n’est pas suffisante. Et bien que des avancées techniques et organisationnelles soient nécessaires pour améliorer ses performances, ce dernier ne saurait combler à lui seul les besoins croissants de notre société en matériaux.
Afin d’inverser cette tendance, un modèle plus durable s’impose. C’est le principe de l’économie circulaire. « Celle-ci vise à transformer nos modes de production et de consommation, pour qu’ils ne soient plus dans une logique linéaire où des ressources sont extraites, transformées en produits, utilisées et jetées », décrit Ligia Barna, responsable de l’axe Déchets ménagers du PEPR Recyclage. Ce modèle promeut par exemple la réparation des objets, le réemploi des emballages et la sobriété dans nos usages. Bien que le recyclage en soit une partie intégrante, il ne doit intervenir qu’en dernier recours, car il reste exigeant en technicité et énergivore.
La recherche menée au sein du PEPR Recyclage mobilise des expertises interdisciplinaires pour promouvoir des avancées notamment techniques et comportementales en gestion des déchets. Par-delà son cadre de financement, il a la chance de pouvoir s’appuyer sur l’Association interdisciplinaire française pour la recherche en économie circulaire (AIFREC). « Les sciences sont au cœur de l’association. Elle est animée et portée par des chercheurs, dont beaucoup sont également impliqués dans le PEPR », souligne Ligia Barna qui est aussi co-présidente de l’AIFREC avec Pascal Guiraud.
Fondée en 2023, cette société savante regroupe déjà 150 chercheurs adhérents et plus de 40 laboratoires, entreprises et associations, créant ainsi un réseau unique de collaborateurs à travers la France. Son objectif ? Favoriser les échanges entre scientifiques aux expertises diverses et assurer la visibilité des travaux sur l’économie circulaire à l’échelle nationale et internationale. L’AIFREC organise en ce sens des congrès afin de diffuser plus largement résultat, savoir-faire et méthodologies.
Bienvenue dans l’écocercle
Depuis la rentrée, François-Michel Lambert, fondateur de l’Institut national de l’économie circulaire et vice-président de l’AIFREC, propose de débattre sur un plateau des questions de l’économie circulaire, avec l’émission « Bienvenue dans l’écocercle ».
Chaque mois, une thématique est explorée en compagnie de plusieurs acteurs du domaine, en lien avec un événement d’actualité. La fashion week de Paris a donné le ton en septembre avec une émission spéciale textile. Ce fut ensuite au tour des véhicules électriques avec le Mondial de l’Auto, puis des emballages lors du Salon All4Pack. La dernière émission avec pour thème l’immobilier, est disponible depuis le 9 décembre sur la chaîne Youtube de l’Ecocercle.
L’AIFREC joue également un rôle d’intermédiaire entre les mondes académiques et politico-économiques. Grâce à ses partenariats avec des acteurs locaux, des observatoires régionaux des déchets et des parlementaires, elle s’assure que les résultats scientifiques sont ancrés dans la réalité et répondent aux défis concrets des industriels et des collectivités. Des formations destinées aux décideurs et aux entreprises, par exemple en Nouvelle-Aquitaine, renforcent l’impact des avancées sur le terrain.
Enfin, elle permet à un programme à durée déterminée comme le PEPR Recyclage d’inscrire durablement ses fruits dans le paysage sociétal. « En tant que structure pérenne, l’AIFREC garantit la continuité des avancées et de leurs retombées. Elle contribue ainsi à asseoir la crédibilité de l’économie circulaire et à ancrer ses principes comme un modèle désirable aux yeux de la société », conclut Pascal Guiraud.
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